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Vers une pédagogie de la robustesse

Appel à contribuer à un collectif ouvert, participatif, en quête d’une autre manière de penser l’université et l'enseignement supérieur.

Nous vivons une époque d’incertitude profonde. Le changement climatique, les bouleversements géopolitiques, l’instabilité économique, la transformation rapide des technologies et la crise de sens dans nos institutions produisent un monde où l’imprévisible devient la norme. Dans ce contexte, notre manière de penser, d’apprendre et d’enseigner mérite d’être interrogée. Comment former aujourd’hui, dans un monde fluctuant, des esprits capables de vivre, d’agir, de créer et de coopérer dans la complexité et l’incertain ?

C’est dans ce moment de bascule que nous proposons de réfléchir ensemble à une pédagogie de la robustesse, inspirée des travaux du biologiste Olivier Hamant. En observant les systèmes biologiques, il identifie une forme de robustesse qui ne repose pas sur la rigidité ou le contrôle, mais sur des principes d’adaptation souple et de résilience profonde : lenteur, incomplétude, erreur, redondance, diversité, bruit et plasticité. Autrement dit, la vie ne se maintient pas malgré l’incertitude, mais grâce à elle.

Et si ces principes pouvaient nous inspirer une autre manière de concevoir l’université et l'enseignement supérieur ?

Pourquoi un collectif ?

Ce projet est né de la conviction qu’une telle réflexion ne peut être menée de manière verticale ou isolée. Nous avons besoin de confrontation, de dialogue, de pluralité de regards. C’est pourquoi nous lançons un collectif ouvert, participatif, sans hiérarchie, dans l’esprit même de la robustesse que nous cherchons à explorer.

Ce collectif est un espace d’expérimentation intellectuelle, pédagogique et institutionnelle. Il ne s’agit pas d’appliquer mécaniquement des principes biologiques à l’éducation, mais de s’en inspirer pour ouvrir de nouveaux chemins dans la manière d’habiter et de transformer l'enseignement supérieur.

L’université nous semble un terrain d’expérimentation privilégié, non pas parce qu’elle serait préservée du monde, mais parce qu’elle en est l’un des creusets les plus puissants. C’est là que se tisse, chaque jour, le tissu intellectuel, culturel, critique et relationnel du monde de demain. C’est là que se forment les futurs chercheurs, soignants, enseignants, ingénieurs, artistes, décideurs, citoyens. C’est donc là, aussi, que nous pouvons semer les graines d’une transformation profonde.

Un collectif pour toutes et tous

Ce collectif s’adresse à toutes celles et ceux qui vivent l’université et, plus largement, l'enseignement supérieur :

  • enseignant·es de toutes disciplines,
  • chercheur·es,
  • étudiant·es,
  • assistant·es d’enseignement ou de recherche,
  • personnels administratifs, techniques, de bibliothèque, de direction ou de soutien,
  • ou simplement curieux·ses de penser l’éducation autrement.

Aucun statut, aucune discipline, aucune fonction n’est exclue. Chacun·e a quelque chose à apporter à cette réflexion commune, chacun·e est légitime pour interroger, expérimenter, contribuer.

Quatre axes de réflexion, et d’autres à inventer ensemble

Nous proposons de commencer par quatre grands axes, qui ne sont ni exclusifs, ni figés. Ils sont là pour initier la conversation, inviter à penser avec, à déplier, à critiquer, à compléter :

  1. Robustesse des institutions universitaires : Comment penser une université capable de durer sans se figer ? Quels dispositifs, quelles formes de gouvernance, quels rythmes, quelles structures favorisent une robustesse institutionnelle dans un monde instable ?
  2. Robustesse pédagogique : Que serait une pédagogie robuste ? Peut-on enseigner avec l’erreur, la lenteur, la redondance ? Quels seraient les bénéfices pour les enseignants, les étudiants, les collectifs d’apprentissage ?
  3. Former des citoyen·nes robustes : Quelles compétences, quelles attitudes, quels savoir-être développer pour former des individus capables d’agir dans l’incertain ? Peut-on faire de l’incertitude un levier de puissance, plutôt qu’un obstacle à contourner ?
  4. Evaluer dans le cadre de la robustesse : Comment faire évoluer nos méthodes d'évaluation pour les rendre robuste et permettre qu'elles mesurent des aptitudes robustes ?

Ce que nous proposons

  • Des rencontres régulières (en ligne et en présentiel) pour partager lectures, pratiques, expériences, intuitions.
  • Des ateliers d’écriture et de réflexion collective.
  • Un espace collaboratif pour expérimenter une forme de recherche ouverte, qui ne sépare pas théorie et pratique.
  • Des coopérations transdisciplinaires : toutes les disciplines, tous les niveaux, toutes les sensibilités sont bienvenues.
  • La possibilité de co-construire des outils, des textes, des ressources partagées.

Ce que nous ne proposons pas

  • Une doctrine.
  • Une méthode toute faite.
  • Une injonction à l’innovation.

Un collectif vivant, par définition inachevé

Ce collectif n’est pas un projet fini, mais une forme vivante en construction permanente. Il se transformera au fil de celles et ceux qui y participent. Il est lent, ouvert, parfois redondant, souvent incertain — et c’est précisément ce qui fait sa force. Il est à l’image du monde auquel nous voulons nous ajuster : complexe, mouvant, imparfait… mais porteur de vitalité.

Nous vous invitons à nous rejoindre. Pas pour consommer des solutions, mais pour en chercher ensemble. Pas pour organiser le monde selon des certitudes, mais pour y vivre avec justesse, créativité, robustesse.

L'historique du collectif

Il était une fois un collectif initial composé de professeurs de l’Université de Liège (Pascal Detroz, Felix Scholtes, Daniel Faux, Nicolas Antoine-Moussiaux, François Mélard), de l’Université de Mons (Sébastien Bette, Bruno De Lievre), de la Haute École Robert Schuman (Jacinthe Dancot, Cesar Meuris), de la Haute École Charlemagne (Dorothée Jardon), de la Haute École Libre Mosane (Céline Dispas, Gaetan Absil), le Conservatoire royal de Bruxeles (Marc Vandersmissen) et de l’ONG Eclosio (Claire Wiliquet), ainsi que de l’Université de Lille (Alban Roblez) et de l’Université de Fribourg (Lionel Alvarez). Ce collectif a élaboré un projet de recherche sur la robustesse en réponse à un appel d’offres de l’ARES concernant l’Éducation au Développement Durable, qui n’a pas été retenu. Ce revers nous a néanmoins incités à persévérer, et Camille Larcin, jeune chercheuse, a été mandatée pour animer ce collectif, ce qu’elle a accompli de manière remarquable en enrichissant plusieurs réunions de travail à partir d’entretiens qu’elle a menés avec chacun d’entre nous. Une réunion, en mars 2025, nous a définitivement convaincus du potentiel prometteur de la voie de la robustesse, et nous avons décidé de créer cette plateforme et de l’ouvrir à tous. Aujourd’hui, ce collectif est le vôtre si vous en acceptez l’augure. Bienvenue à vous !

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