Si nous envisageons la pédagogie de la robustesse comme un socle, alors la question de l’évaluation ne peut rester inchangée. L’évaluation, souvent perçue comme mesure, classement ou sanction, est l’un des lieux les plus normés – et donc les plus fragiles – de notre système éducatif. Elle repose encore largement sur des logiques d’objectivité, de standardisation, de performance immédiate. Or, dans un monde incertain, peut-on continuer à évaluer comme si tout était stable, linéaire, prévisible ?

Une évaluation robuste ne chercherait pas à fixer définitivement des savoirs, mais à accompagner des trajectoires d’apprentissage, dans leur complexité, leur lenteur, leurs bifurcations. Elle valoriserait le doute, la progression, l’erreur féconde, l’effort de réflexion plutôt que le résultat figé. Elle s’intéresserait aux processus autant qu’aux productions. Elle pourrait être collective, dialoguée, réflexive – un outil de transformation plus qu’un verdict.

Cela implique de penser des formes d’évaluation qui reconnaissent la diversité des parcours, qui intègrent le temps long, qui laissent place à l’inachevé. Évaluer dans la robustesse, c’est accepter que tout ne soit pas mesurable, et que ce qui compte vraiment dépasse parfois les grilles habituelles. C’est un chantier exigeant, mais vital : car c’est souvent par l’évaluation que se joue – ou se bloque – la possibilité même d’une autre pédagogie.

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