Comment évaluer dans (un ensemble de démarches s'inscrivant dans) la robustesse viendrait réinterroger les valeurs scientifiques, techniques et "humanistes" (Hadji, 2021) des théories et pratiques de l'évaluation et de la mesure ?
Les travaux d'Olivier Hamant impliquent une nouvelle criterisation de l'évaluation. Peut-on ainsi "accepter" qu'une evaluation ne couvre pas tout ? Et accepter quelle même soit potentiellement imparfaite, non-exhaustive, subjectivante au sens où elle assumerait le parti pris de chacune et chacun ? Dans le même temps, une constitution solide scientifiquement serait nécessaire pour éviter tout relativisme d'une part et pessimisme déplacé d'autre part. Évaluer de la robustesse serait ainsi une philosophie pratique et politique puisque ses résultats, autant que ses fondations, participeraient d'un dessein commun (Castoriadis, 1975).
Tu résumes bien l’enjeu dans ton titre, cher Alban. Autant la mesure peut se limiter à une approche technocentrée, fondée sur des instruments et des indicateurs plus ou moins standardisés, autant l’évaluation, notamment lorsqu’elle s’inscrit dans une logique de robustesse, ne saurait faire l’économie d’une réflexion éthique profonde.
Ce n’est pas qu’une exigence théorique : c’est déjà un mouvement de fond. On peut observer, depuis plus de vingt-cinq ans, que des instances majeures telles que le NCME, l’APA ou encore l’AERA ont intégré la notion de validité conséquentielle dans leurs Standards for Educational and Psychological Testing. Et depuis 2014, la dimension d’équité (Fairness) y occupe une place centrale.
Cependant, force est de constater que ces avancées normatives ont eu peu d’effet concret sur les pratiques d’évaluation, notamment dans l’enseignement supérieur, où prévaut encore une vision assez instrumentale de la certification.
Il reste donc un véritable chantier à ouvrir : comment concevoir une évaluation à la fois rigoureuse, éthique et socialement responsable ? Cela suppose de sortir d’une logique purement sommative pour repenser l’évaluation comme un acte éducatif à part entière, capable de soutenir les apprentissages, de reconnaître la diversité des parcours et de garantir une justice cognitive. C'est sans doute l'un des fondements de l'Assessement For Learning
Mais il ne s’agit pas de nier les préoccupations légitimes de nos collègues, qui ont la responsabilité de certifier des professionnels prêts à exercer leur métier. Le défi est donc double : assurer la fiabilité des jugements tout en donnant du sens à l’évaluation dans une perspective plus humaine, plus équitable et plus formatrice. Le chantier est ouvert :)