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Quels bénéfices retirer d’une institution robuste ?

Démarré par Pascal Detroz dans Robustesse des institutions universitaires 10 avril 2025 16:44

Et si une institution robuste n’était pas une forteresse, mais un organisme vivant ? Dans un monde incertain, quel serait l’intérêt d’universités capables d’évoluer sans se dénaturer, de résister sans se rigidifier ? Une gouvernance inspirée par la lenteur, l’hétérogénéité ou même l’inachèvement peut-elle devenir un levier de vitalité ?

Nous vous invitons à accompagner la réflexion. Un telle université serait-elle utopiste ? Aurions-nous envie d'y travailler ? Quels seraient ces avantages ? Mais aussi ces limites ? Cela est-il soutenable ?

14 avril 2025 16:34

Imaginer une université comme un organisme vivant, à la manière d’Olivier Hamant, c’est renoncer à l’idéal de maîtrise et de linéarité. Le vivant, dans son essence, est robuste non pas parce qu’il résiste frontalement, mais parce qu’il fluctue, ralentit, bifurque, coopère. Une institution vivante n’est ni figée ni parfaitement pilotable : elle tient dans le temps par sa capacité à absorber l’incertitude, à apprendre de l’erreur, à évoluer sans modèle unique.

Une telle université ne serait pas un sanctuaire de certitudes, mais un écosystème de savoirs et de pratiques, ouvert à l’inachèvement, à l’hétérogénéité, à la lenteur. Elle ne viserait pas l’excellence au sens productiviste, mais la fertilité collective : celle qui naît du frottement, du débat, du temps long.

Travailler dans cette université ? Oui, si l’on accepte que l’efficacité ne soit plus mesurée en rendement immédiat mais en capacité à durer sans se dénaturer. Cela suppose une gouvernance souple, un cadre qui autorise l’imprévu, et surtout une redéfinition de ce que signifie “réussir”.

Cela heurte frontalement les logiques dominantes de compétition, de standardisation et de mesure. Mais au fond, la question n’est-elle pas là : voulons-nous continuer à piloter nos institutions comme des machines, ou sommes-nous prêts à les cultiver comme des milieux vivants ?

 Cette université-là n’est pas un rêve naïf. Elle est une nécessité vitale — même, et surtout, à contre-courant.


heart
16 avril 2025 17:44

Attention toutefois au danger du "naturalisme" (bien épinglé par Marcel Gauchet dans ses conférences aux Bernardins sur l'éducation). Un cerveau n'est pas un ordinateur. Une université n'est pas une forêt. Les métaphores peuvent aider mais ont leur limite. 

16 avril 2025 18:57

Oui, je suis d'accord. Mais, dans ce cas, et sans en accepter tous les contours, il me semble que ce type de métaphore ou d'analogie offre un cadre réflexif qui nous permet de penser hors du champ classique de notre discipline. Et rien que pour ça, je trouve que c'est pertinent. Comme je le disais sur un autre fil, pour moi, ce collectif est une sorte de rhizome, comme le définissent Deleuze et Guattari. Je ne plaide pas pour créer une forme de dogme autour de la pensée d'O.H., mais plutôt pour en tester les contours dans le cadre de l'enseignement supérieur. On verra si cette voie est porteuse — je n'en sais rien. Mais la suivre un moment est, en tout cas, stimulant, me semble-t-il, et nos échanges le prouvent :). Et si le collectif nous emmène ailleurs, j'en serai aussi ravi :)

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